"De mon hublot utérin, je te salue humanité et te dis bla bla bla"
Texte inédit de Mustapha Benfodil, entrepris fin 2009 au cours d’une résidence à bord d’un voilier naviguant en Méditerranée. Il a été donné en lecture à Marseille en novembre 2010 et à Alger, en janvier 2011, par la metteure en scène Julie Kretzschmar et le chorégraphe Thierry Thieû Niang. Le théâtre Gyptis accueille ce spectacle du 8 au 10 décembre.
Mustapha Benfodil
Dramaturge, poète, auteur de romans et nouvelles et également journaliste au quotidien El Watan. A partir de 2001, il écrit régulièrement pour le metteur en scène Mustapha Aouar, directeur de Gare au Théâtre à Vitry-Sur-Seine et participe à plusieurs expériences d’écriture en Europe. En 2008, il obtient une bourse du Centre National du Livre et est invité en résidence à la Maison des auteurs du festival Les Francophonies du Limousin, où il reprend l’écriture inachevée de la pièce Les Borgnes. En 2009, il ecrit "De mon hublot.." lors d'une traversée. "Je disais que "De mon hublot..." n'est pas un texte documentaire. Pourtant, ce drame s'appuie largemenet sur une expérience physique forte : une houleuse traversée que j'ai faite sur l'un des itinéraires les plus empruntés par les harragas algériens : l'axe Annaba - la Sardaigne. Cette traversée à bord d'un petit voilier - Zitoun - m'a permis, sinon d'être dans la peau de Tarik, à tout le moins de chevaucher la mer, d'épouser son imaginaire, de mesurer l'ampleur de pareille aventure dans sa dimension psychologique et émotionnelle."
Julie Kretzchmar
Comédienne et metteur en scène formée au Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier.
Bogdan Bousca
Bogdan vit à Constanta, en Roumanie. Il ne se considère pas comme un photographe mais juste comme une personne qui aime l'appareil photo, les images, les histoires.
Mais il a tort. C'est un vrai photographe, un véritable artiste, un magicien de l'image.Il réussit à capturer l'instant. En noir et blanc.
En couleurs.
Avec un regard proche sur tout ce qui l'entoure. Sur les gens. Sur l'espace. Sur la vie. Il réussit à traduire l'humanité.
Et il se sent également proche de ces Harragas, de ces humains qui, au nom de la liberté, n'hésitent pas à risquer leurs propres vies. Proche de ces rêveurs. Son travail s'articulera autour des trois thèmes "la mer, la mère, l'amer" qui se confondent inéluctablement.
HARRAGAS
Cette parole est utilisée dans le dialecte arabe, pour qualifier les clandestins. Littéralement, "harragas" (al harga) signifie "la brulûre" ou "ceux qui brûlent leurs papiers". D'abord utilisé au Maroc, le terme Harraga désigne les candidats à l'émigration clandestine, les brûleurs de frontières, ceux qui, pour partir sans laisser de traces, brûlent leurs papiers, se débarrassent de tout ce qui permettrait aux contrôles répressifs de les identifier.
La mer, la mère, l'amer
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf poète baroque français du XVIIe siècle
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